Fred Dewilde a mis fin à ses jours ce weekend le 5 mai, terrassé par la violence de ses traumas contre lesquels il luttait sans relâche avec tant de courage, de talent et de générosité depuis ce soir funeste du 13 novembre 2015 où il disait qu'une partie de lui était morte ce soir-là.
Son immense appétit de vivre porté par l'amour qu'il donnait autant qu'il recevait, son énergie communicative, son humour décapant, ses œuvres poignantes, ses projets pleins les tiroirs ont été fauchés en une nuit par une pulsion suicidaire insurmontable le rendant sourd à tout avenir.
Cette nuit-là, une étincelle a ouvert béantes ses insupportables blessures qui le meurtrissaient depuis tant d'années, anéantissant toutes les digues de bonheur qu'il avait construites avec nous.
Sous ses airs de colosse bourru, Fred était un roc doux et sensible, une oreille attentionnée, un observateur affuté et toujours des bras immenses grand ouverts dans lesquels tout cœur saignant trouvait réconfort.
Fred nous donnait tellement à nous, sa famille. Il donnait aussi tant à sa grande famille des victimes du 13 novembre 2015, au public dans ses interviews, aux jeunes dans ses interventions en collège. Il partageait avec tant d'authenticité, son expérience sans tabou, sa foi en la tolérance et son refus de toutes formes de haine.
Fred le survivant, Fred la victime était devenu Fred l'artiste sublimant la souffrance à hauteur d'homme, passeur de mémoire pour nous tous.
Nous sa famille, nous sommes sous le choc et dévastés par la violence avec laquelle ce sournois poison répandu par les terroristes du 13 novembre 2015 l'a implacablement frappé après plus de 9 ans de résistance acharnée.
Ils l'ont tué une seconde fois, sans plus de seconde chance de « survie ». Fred ne nous éclairera plus de son franc sourire, de la chaleur de son affection, de ses grands gestes qui ponctuaient son lent phrasé si inspirant.
Mais à travers tout ce qu'il a partagé avec nous, Fred continuera à nous indiquer la voie à suivre : combien l'attention à l'autre panse les plaies, combien la parole libère, combien le respect de l'autre résout les maux, combien la fraternité fait la force.
Dans ce monde chargé de conflits, son héritage est un combat. Le soldat Fred est tombé aujourd'hui et nous sommes ses héritiers.
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